Luis Foronda
Récits verticaux
La vie dure le temps d’un vol. Le poids de la routine alourdit les ailes et seule l’imagination nous permet de continuer à être « l’oiseau le plus léger et fugace » (Miguel Hernández). Ces contes sont nés, il est vrai, pour voler. Je les ai écrits afin qu’ils soient lus à la radio puis mis en ligne dans la verticalité d’un blog. Ils ont ensuite été exposés sur les murs de centres culturels, de pubs, de bibliothèques, et autres lieux de perdition. Je pense souvent que ces récits ont fait le chemin à l’envers car, après avoir parcouru les ciels et les enfers, sur des murs réels ou virtuels, grâce au bouche à oreille, après donc avoir été oiseaux, ils sont devenus pages. Je crois cependant qu’ils conservent intact leur désir naturel d’être debout. C’est dans leur ambition de verticalité et dans leur envie de voler que se cache leur secret. (Luis Foronda)
Quatrième de couverture
Récits verticaux nous ouvre un monde à part, grâce à un regard plein d’humour et une grande sensibilité humaine. Quand on lit ces contes, on a l’impression qu’il existe un monde immergé qui bat sous la peau du quotidien ; de temps en temps, et par un effet d’osmose, il arrive à inonder l’ordre de la vie et à renverser les principes prévisibles. Les personnages semblent avoir conscience qu’ils vivent dans le recoin d’une réalité incomplète, mais aussi que cette réalité n’est pas un système homogène : au contraire, elle possède des fissures qui conduisent à des champs de liberté dans lesquels les gens peuvent récupérer l’innocence et la plénitude originelles. De la sorte, il arrive un moment où le récit abandonne l’ennui des habitudes et étincelle avec l’étrange vivacité de l’imprévu, des émotions, de la poésie. La réalité et son contraire, la norme et la perplexité se mêlent pour former la matière de Récits verticaux où tout est possible tant que la dérive que prennent les événements répond à la logique interne d’un principe bienfaisant qui favorise l’empathie, corrige la solitude et soigne les êtres vulnérables. (Salvador Compán)
A propos de l'auteur ...
Luis Foronda (né en 1963) est un journaliste et écrivain espagnol. Il a présenté pendant dix-sept ans le programme La Librería sur Radio Úbeda. Il a publié des romans, des contes, des pièces de théâtre et des essais, notamment sur son concitoyen, l’écrivain Antonio Muñoz Molina.
Les éditions de la Reine Blanche ont publié en 2018 une traduction en français de son recueil de nouvelles, Récits verticaux, préfacé par Salvador Compán et illustré par Nono Granero.
Extrait 1
A et B fixèrent leurs yeux au même moment sur le même manteau, celui qui depuis quelques jours s’étalait, magnifique et très bon marché, dans la vitrine de Lonely Modas. C’était un manteau d’homme, croisé, en tissu bleu marine avec six boutons métalliques en vieux cuivre et des boutonnières rouge grenat, un grand col élégant, quatre boutons à chaque poignet et deux poches fines de chaque côté avec un simple ourlet. Un manteau ajusté, distingué et moderne à la fois, original et élégant, très beau. A et B, qui avaient le même âge, faisaient la même taille et avaient la même silhouette, entrèrent en même temps dans la boutique et appelèrent en même temps la vendeuse. Mademoiselle, le manteau qui est en vitrine. Elle, serviable bien qu’un peu nerveuse, s’occupa d’eux, pensant qu’ils étaient ensemble. (Le manteau, p. 21)
Extrait 2
C’était un concert spécial, plein de pompe et de solennité, mais au milieu de la douce symphonie, apparut la fausse note : très fière, résolue, se pavanant au milieu des musiciens, intrépide, présomptueuse, se sachant le point de mire. Le chef d’orchestre essaya de la faire taire d’un mouvement sec de sa baguette. En vain : elle continua comme si de rien n’était à se balader au milieu des instruments de l’orchestre. La fausse note passa du piano au trombone, puis à la viole, la clarinette et la harpe. Dans tous ces instruments, elle résonna, incohérente, démesurée, grossière. Les musiciens en sueur regardaient le chef d’orchestre qui donnait le change avec des mouvements saccadés. Levant et baissant les bras, il tentait de la contenir en donnant du nerf aux instruments à vent. (La fausse note, p. 55)
Auteur : Luis Foronda (Espagne)
Titre : Récits verticaux (Relatos verticales)
Traductrice : Isabelle Taillandier
Préface : Salvador Compán
Illustrations : Nono Granero
Date de parution : 11 juin 2018
ISBN : 978-2-9558910-32
128 pages, broché, format 11x18
Prix (version papier) : 21,00 €
Prix (version numérique) : 7,49 €
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